Il y a quelques mois, nous avons découvert le compte Instagram de Madeleine de Chanterac, une jeune illustratrice talentueuse actuellement étudiante à l’école Pivaut. Sur sa page, un univers poétique et centré sur l’enfance se dévoile, avec une attention particulière portée aux motifs et aux matières comme des papiers peints ou des tissus à carreaux ou à fleurs.
Nous lui avons proposé de collaborer pour créer une série de motifs à broder que vous pourrez retrouver sur notre boutique. À l’occasion de la sortie de ces motifs, Madeleine a gentiment accepté de répondre à nos questions. Nous avons parlé ensemble de son parcours et de ses inspirations. L’article que vous vous apprêtez à lire est la transcription de notre conversation !
Et si vous allez jusqu’au bout, vous découvrirez une petite surprise en bas de la page… Bonne lecture !
Une illustration réalisée par Madeleine
Cornelia dixit – À quel moment avez-vous découvert le dessin ? A-t-il toujours fait partie de votre vie ?
Madeleine – Dès que j’ai pu avoir un crayon entre les mains, je me suis mise au dessin, donc depuis toute petite ! J’avais des grandes soeurs qui dessinaient beaucoup et une maman qui dessine beaucoup. Mes soeurs dessinaient des familles, avec de petits vêtements. Ma maman dessinait des bijoux, des robes, des robes de mariée, alors que ma grand-mère faisait de la tapisserie ou de la peinture sur porcelaine.
Je viens d’une famille plutôt manuelle, ça aide ! Petite, je voulais être illustratrice.
Cornelia dixit – L’orientation dans une école d’art a-t-elle été évidente pour vous ?
Madeleine – Je ne me suis même pas posé la question, je n’ai pas réfléchi. Même mes parents ne m’ont pas demandé ce que je voulais faire comme école : pour eux, c’était tout à fait logique que je fasse une école de dessin ! C’était vraiment inné.
Cornelia dixit – Comment avez-vous trouvé l’école dans laquelle vous étudiez actuellement ?
Madeleine – Cela a été facile pour moi : j’avais une amie qui était dans l’école où je suis actuellement. Elle m’en avait parlé et ça m’avait l’air bien !
Je n’ai pas été soutenue par mes professeurs au lycée : pour eux, c’était une perte de temps, pas du tout des études sérieuses.
Cornelia dixit – Pouvez-vous nous expliquer comment on rentre à l’école Pivaut ?
Madeleine – Soit on passe un entretien avec le directeur, ce qui a été mon cas, soit on passe un concours.
On peut intégrer l’école du bac à 25 ans environ. Il y a des personnes qui y entrent pour se reconvertir après 20 ans.
Une illustration réalisée par Madeleine
Cornelia dixit – Quelles sont les particularités de l’école Pivaut ? Qu’apprenez-vous là-bas ?
Madeleine – Pivaut est une école très particulière : c’est l’une des rares en France qui n’est basée que sur l’académique, c’est à dire le dessin vraiment traditionnel, un peu « à la vieille école ».
Je ne ferai pas du tout de numérique, sauf si dans quelques années je choisis une section avec du numérique.
On apprend les bases du dessin comme autrefois : en cours, j’ai du modèle vivant, j’ai du nu, j’ai de la perspective, de la nature morte… Dans d’autres écoles, les élèves travaillent beaucoup plus sur des logiciels. À Pivaut, on reprend les bases, comme autrefois.
Cornelia dixit – À quoi ça vous mène l’école Pivaut ?
Madeleine – À la fin de l’année, je vais devoir choisir une filière. Il y en a six. On peut prendre la section illustration, la section BD, la section décoration peinte qui inclut la restauration de tableaux, ou encore la section Cinéma d’animation 2D. Il y a aussi les sections Motion Design Graphique et Concept art.
En ce moment, j’hésite entre la section illustration et la section décoration peinte.
Cornelia dixit – À quoi ressemblent vos journées d’étudiante à l’école Pivaut ?
Madeleine – Je suis plutôt quelqu’un qui travaille beaucoup, donc je peux me lever et travailler une à deux heures. Ensuite, je vais en cours le matin. On a une première matière, la pause déjeuner, et ensuite une autre matière l’après-midi.
Pour chaque cours, j’ai des rendus à produire. On a aussi des partiels chaque trimestre et un classement tout au long de l’année.
Cornelia dixit – Comment ça se passe quand vous devez travailler sur des sujets que vous n’aimez pas ?
Madeleine – Demain, on doit justement rendre un travail. On devait s’inspirer d’un jeu vidéo qui met en scène des monstres verts. On devait créer une salle de classe primaire effrayante avec des monstres… J’ai détesté faire ça, mais j’étais obligée. On se force, mais ça nous ouvre : on se rend compte qu’on est capable de faire des choses incroyables. Ce n’est pas du tout mon univers, mais pourtant j’ai bien réussi. Je n’aurais jamais cru avoir des idées aussi bizarres !
“Le petit garçon”, un motif de la série “Le clan”, réalisée en collaboration avec Madeleine
Cornelia dixit – Comment imaginez-vous la suite, une fois l’école terminée ?
Madeleine – J’ai un rêve un petit peu fou : j’aimerais monter une petite marque, avoir une entreprise, pour vendre mes propres produits, en lien avec l’illustration. J’aime aussi beaucoup tout ce qui est en lien avec la mode enfantine.
Cornelia dixit – Est-ce qu’on vous apprend des choses sur l’entrepreunariat dans votre école ?
Madeleine – Le sujet de l’entreprenariat n’est pas abordé à l’école pour l’instant, à mon niveau : on explore d’abord toutes les possibilités de carrière et de filière. L’école veut que l’esprit des étudiants restent ouvert, qu’ils étudient tout et qu’ils découvrent tout.
Tous mes professeurs sont des artistes qui sont à leur compte donc ils nous parlent tout le temps de leurs projets personnels. Les anciens élèves de Pivaut viennent aussi témoigner. On est très en contact avec des anciens ou des élèves plus âgés. Ils nous montrent le métier, les débouchés et plein d’autres choses.
À l’école, je n’ai que des cours manuels. Tout ce qui est comptabilité, entrepreunariat, est laissé de côté, on en parle pas du tout à mon niveau, ce sera pour plus tard !
Une illustration réalisée par Madeleine
Cornelia dixit – Une vraie unité de style se dégage de votre compte instagram. D’où vient votre inspiration pour ces dessins ?
Madeleine – Je suis complètement baignée dans l’univers des triplés de Nicole Lambert. Petite, je lisais ça, et j’adorais les dessins. Je les refaisais à ma propre sauce. Je me suis imprégnée de cet univers sans m’en rendre compte : ce sont les gens qui me le disent.
Tous les livres de BD franco-belge style tintin ou Bécassine m’inspirent aussi, tous les vieux livres liés à l’enfance. Même maintenant, j’adore aller à la médiathèque prendre plein de livres, juste pour regardes les dessins.
Cornelia dixit – D’où vous vient l’idée d’utiliser des papiers peints, des gravures, d’ajouter des textures en décor ou sur les vêtements de vos personnages ?
Madeleine – Quand j’étais petite, je ne faisais que des vêtements : je dessinais des personnages, mais je me fichais de leurs attitudes. J’étais très frustrée de ne pas savoir mettre des motifs parce que c’est ce qui m’intéressait le plus. Je découpais les motifs dans des catalogues.
J’ai gardé ce côté bricolage que j’aime beaucoup.
J’ai une passion pour les papiers peints, pour tout ce qui est motifs fleuris, carreaux… Si je veux être satisfaite d’une dessin, il faut que les vêtements et les motifs soient réussis.
Cornelia dixit – Qu’est-ce qui vous plait particulièrement dans le dessin d’enfants ?
Madeleine – On peut se permettre d’habiller les enfants d’une certaine façon : on oserait pas mettre la même chose à des adultes. On aurait peur du regard des autres, on se dirait qu’il y a trop de froufrous, de cols, de couleurs… Pour les enfants, on s’en fiche un peu ! Souvent, ils ont des petites attitudes, des mimiques que j’adore.
L’enfance, c’est l’innocence, c’est mignon ! J’aime tout l’univers qui est lié à l’enfance.
Cornelia dixit – Y-a-t-il des artistes, des livres, ou des expositions qui vous ont particulièrement marquée et que vous souhaiteriez partager avec nous ?
Madeleine – Ce qui m’inspire et m’influence beaucoup, ce sont les marques de vêtement comme Frangin Frangine, Bonton, Emile et Ida…
J’ai aussi des camarades de classe qui me donnent des idées : dans ma classe, dès qu’on voit quelqu’un qui dessine, on est souvent inspirés par quelque chose, par ce qu’il est en train de produire.
Cornelia dixit – Pour le moment, avez-vous des personnes qui commandent vos produits ?
Madeleine – Oui, j’ai des commandes de particuliers qui me demandent d’illustrer leurs enfants ou des petites marquent qui me demandent de dessiner leurs produits.
Je vends aussi mes originaux sur Instagram, à des particuliers qui le demandent.
C’est un peu compliqué pour le moment : j’ai beaucoup de travail avec mon école ! Pour l’instant je ne peux pas m’y mettre vraiment.
Des motifs de la série “Le clan”, réalisée en collaboration avec Madeleine
Merci à Madeleine d’avoir répondu à nos questions !
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