Broderie or : héritages d’un art séculaire

Pour cette seconde journée de notre semaine spéciale broderie or, nous laissons la plume à Anne Lewin Fleur ( Atelier Numéro 4)  qui vous partage les secrets de cet art séculaire, et que nous remercions vivement pour son travail de recherche !

La broderie or ou broderie au fil d’or est un savoir-faire ancestral. Elle combine les fils métalliques de jaseron et de cannetille, pour donner jour à un motif qui reflète la lumière d’une manière inimitable. Elle ne doit pas être confondue avec la technique artisanale chinoise, basée sur une broderie polychrome sur soie. La broderie or est longtemps utilisée pour orner les costumes d’apparat militaires, les vêtements royaux et ecclésiastiques. On la retrouve ensuite dans le domaine de la haute-couture et du spectacle. Depuis peu, elle se modernise et se répand auprès du grand public pour la création de broches originales et de bijoux brodés. Voici les secrets d’un art séculaire.

Crédit photo : Empire Costume

La broderie or au fil des âges

Les premières broderies remontent sans doute à la préhistoire, faites de fragments d’os et de morceaux de fourrure.  Le terme de broderie apparaît seulement au XIIe siècle pour désigner les motifs décoratifs ornant les vêtements sacerdotaux. Il s’agit de motifs de couleurs, d’or et d’argent, exécutés à l’aiguille. La broderie or s’étend ensuite aux blasons des drapeaux, aux vêtements royaux et aux uniformes de la cour.

Plaisirs textiles

Les artisans brodeurs d’or sont considérés comme de grands manufacturiers, de père en fils. Au Moyen-âge, la broderie orne une grande diversité́ de supports, comme les étoffes de soie, de velours, de laine, de lin, ou les cuirs. Elle se décline aussi en différents matériaux selon les époques et les modes. Ainsi, aux côtés des fils de laine et de soie, des fils d’or, d’argent et parfois des pierres précieuses, sont employés pour les pièces les plus luxueuses.

À Paris, la broderie connaît un essor remarquable aux XIIIe et XIVe siècles, grâce à la présence du Roi de France et de sa cour dans la capitale. Au fil du temps, les techniques s’enrichissent. En Lorraine par exemple, à la fin du XVIIIe siècle, les broderies de Lunéville s’illustrent avec un point réalisé au crochet, permettant d’intégrer perles et paillettes aux motifs brodés.

Crédit photo : LACMA

La broderie or traverse ainsi les âges, entre tradition et modernité. Elle occupe aujourd’hui une place de choix dans la haute-couture grâce au savoir-faire de grandes maisons parisiennes * qui pratiquent la broderie comme un art. Elle tend aussi à se démocratiser auprès du grand public pour la création de petits accessoires.

Les techniques d’une broderie d’art

La broderie or est une technique de broderie à l’aiguille, singulière et réservée aux pièces de prestige. À la différence des fils textiles qui traversent le tissu avec l’aiguille, les fils métalliques sont couchés en surface, puis fixés par des points sur le support. Cette technique de broderie traditionnelle est souvent associée à des ouvrages de métal ou de soie, car elle est trop compacte pour être travaillée seule. Pour la réaliser, on utilise le jaseron et la cannetille.

Le jaseron est constitué d’un fil métallique enroulé en spirale très serrée, créant ainsi un petit tube. Très rigide, généralement fait de laiton, il sert essentiellement pour la réalisation du contour des broderies. Pour l’utiliser, il suffit d’étirer délicatement ce ressort métallique pour le rendre flexible, puis de le fixer à l’aide d’un point de Boulogne caché dans les spirales en suivant le contour du dessin brodé.

Jaseron (crédit photo: Neelam)

Le motif est ensuite rempli avec la cannetille. À l’origine, on fabrique ce fil creux en enroulant un fil de métal d’or ou d’argent autour d’une aiguille pour constituer une spirale serrée. La cannetille peut être lisse ou frisée (striée). Elle est parfois fabriquée en métal précieux, mais plus généralement en laiton. On brode le motif en appliquant des morceaux de cannetille préalablement découpés qu’on utilise comme des perles. Selon l’effet souhaité, on peut avoir recours à diverses techniques : le point de tige, le passé plat droit, le point de poste ou l’or nué. Pour bomber le relief du motif, on peut utiliser de la feutrine afin de réaliser un rembourrage.

Cannetille frisée (crédit photo : Neelam)

Avec l’avènement du DIY, la broderie or devient accessible à tous. Délicate et minutieuse, cette technique de broderie à l’aiguille permet par exemple de réaliser de jolies broches pour habiller une tenue de fêtes ou tout simplement personnaliser une veste en jean. Des entreprises contemporaines ont remis cette technique au goût du jour. Une démarche qui tend ainsi à promouvoir les richesses artisanales des quatre coins du monde, en valorisant la diversité culturelle et s’investissant dans un échange durable avec des artisans au savoir-faire séculaire.

Anne Lewin Fleur * Atelier Numéro 4

Rendez-vous dans quelques jours pour découvrir plus amplement les entreprises d’aujourd’hui qui ont revalorisé la broderie or et les différentes possibilités de s’y former

*Quelques références de maisons qui mobilisent encore ce savoir-faire traditionnel

http://www.lesage-paris.com

https://atelier-bizet-paris.com

http://www.hurel.fr/fr/atelier-de-broderie-22.html

http://www.zardosi.fr/broderie-haute-couture.html

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